jeudi 14 juin 2007

Un "dinoiseau" de 8m de long

De nombreux fossiles ont été retrouvés en chine ces dernières années et ont permis d'affiner ce qu'on sait, et de remettre en question certaines idées.
C'est peut-être difficile de suivre, mais c'est une chance d'enseigner une une science dynamique, en plein changement, et l'actualité peut aider à motiver les élèves !

Des chercheurs en Chine (Xing Xu et al. ) ont déterré dans le désert de Gobi dans des couches du crétacé sup. (85 mio) les restes fossiles d'un dinosaure proche des oiseaux : Gigantoraptor qui devait faire 8 mètres de long, 3.5 mètres de haut au garrot et peser 1,400 kg



L'examen d'une centaine de caractéristiques (par exemple la mandibule courte et sans dents, probablement munie d'un bec, les proportions du corps etc) le place clairement dans le groupe des Oviraptoridae, qui sont pourtant tous beaucoup plus petits.

D'après les lignes de croissance d'un os découpé l'animal avait 11 ans et aurait pu encore croître : Sa vitesse de croissance est phénoménale... plutôt celle d'un animal à sang chaud. Xu pense qu'il avait des plumes.
Source : china.org.cn

Autres nouvelles sur les dinoiseaux

Un système respiratoire plus évolués que le notre ?

O'Connor et al 2005 ; les os creux de certains dinosaures (notamment Velociraptor et Tyrannosaurus rex) - comme ceux des oiseaux actuels - montrent qu'ils disposaient d'un système respiratoire très efficace, probablement en lien avec leur mode de vie prédateur.

Source : NSF

Ce système respiratoire est nettement plus avancé que le notre : l'air circule par des sacs aériens dans un circuit en boucle qui permet de mieux extraire l'oxygène et éliminer le CO2, parce qu'on a un flux presque continu, au lieu d'un sac à un seul orifice comme notre poumon. (la VO2 est meilleure chez les oiseaux et l'animal qui sur la durée le plus vite est ... l'autruche si je suis bien informé)
Je me demande si on peut faire le parallèle avec l'évolution du tube digestif qui était aussi de type sac à un orifice avec les Cnidaires par exemple et qui est devenu "tube" plus efficace chez d'autres, dont nous. Cela suggérerait que des organismes terrestres à 2 orifices respiratoires l'un devant l'autre à l 'arrière pourraient un jour apparaitre ?

Dossier spécial Nature in Focus sur les dinosaures

On y trouve des résultats de recherches montrant par exemple que
  • une reconstitution du cerveau des archeopteryx par scanner 3-D révèle un cerveau comme les oiseaux donc sans doute capable de gérer le vol. Nature news Flying dinosaur had 'bird brain'
  • Tous les oiseaux seraient issus de sortes de canards ( You H., et al. 2006) (Nature news Intranet)
  • Des dinosaures fouisseurs, d'autres au cou plus long encore que ce qu'on connaissait, etc.
References
  • Xu X., et al. Nature, 447 . 844 - 847 (2007). |intranet
  • Michael Hopkin, Early bird makes a splash., Nature news, 15 June 2006; | doi:10.1038/news060612-12
  • Tom Simonite,
  • Dinosaurs breathed like birds, nature news, 13 July 2005; | doi:10.1038/news050711-8
  • O'Connor P. M. O. & Claessens P. A. M et al. Nature, 436. 253 - 256 (2005). | Article |
  • You H., et al. Science, 312. 1640 - 1643 (2006
  • Helen Pilcher,
  • Flying dinosaur had 'bird brain', Nature news 4 August 2004; |doi:10.1038/news040802-9

jeudi 7 juin 2007

iPS : les cellules souches sans embryon : fini les problèmes ethiques ?

wwooaw !

Il faut absolument que vous ayez connaissance d'une news de David Cyranoski Simple switch turns cells embryonic Technique removes need for eggs or embryos dans Nature news du 6 June 2007;

3 groupes de recherche publient cette semaine dans Nature et Cell Stem Cell qu'ils ont réussi à reprogrammer des cellules normales de la peau (de souris) pour les rendre pluripotentes : ces cellules-souches peuvent se différencier en très nombreux tissus différents (comme les cellules embryonnaires qui ont pu à partir d'une seule cellule fécondée se diviser et devenir cellule musculaire, sanguine, neurone etc). On les a nommées induced pluripotent stem cells (iPS cells)
Fibroblastes : source : wikipedia-"fibroblast"

On peut théoriquement -et en partie on sait déjà - diriger leur différenciation en divers types de cellules (cardiaques pour réparer le coeur après infarctus (des essais prometteurs Laugwitz et al 2005), rétiniennes pour lutter contre la cécité (MacLaren R. E. , et al. , 2006) ou sanguines pour dépasser le manque chronique de donneurs, par exemple...) Le potentiel est énorme ; à l'horizon, on peut même espérer recréer des organes pour remplacer ceux qui sont abîmés.
Le batracine régénère sa patte complètement
Source Shannon Odelberg , université Utah

C'est d'ailleurs intéressant de noter que la capacité de régénérer un bras par exemple existe encore chez de proches cousins comme les batraciens (oui, le bras entier avec les os, les nerfs et tout ! cf compléments ) Les mécanismes de cette régénération sont probablement en partie présents dans notre génome ?

Il est à noter que ces cellules produites par l'équipe de Shinya Yamanaka de l'Universite de Kyoto sont génétiquement celles de celui à qui on a pris les quelques fibroblastes de sa peau ( pas d'ovules, pas d'embryons) . Elles sont donc compatibles avec son système immunitaire.

Le fait de reprogrammer -de les dé-différencier en sorte : leur redonner le potentiel qu'elles avaient dans l'embryon- les cellules adultes du donneur évite 2 problèmes éthiques : on devait jusqu'à présent utiliser des embryons dans lesquels on introduisait le noyau de la cellule adulte pour en faire une cellule embryonnaire : la rendre pluripotente.


Mais il fallait utiliser un embryon : ce qui choquait de nombreuses personnes. Peut-être n'avaient-elles pas bien compris que ces embryons surnuméraires allaient être décongelés et étaient condamnés, mais il reste que pour eux c'était un problème moral qu'il faut prendre en compte.

L'autre problème est que l'on produisait un embryon avec les gènes du donneur : un clone qui aurait pu être implanté et devenir un être humain clone du donneur. Peut-être ceux qui s'en offusquent n'ont-ils pas compris que c'est actuellement impossible de produire un clone humain -pourtant certains ont essayé- et que les scientifiques impliqués ne voyaient cette technique de clonage thérapeutique que comme une étape pour comprendre mieux et finalement réussir à s'en passer. Encore une fois, même si je ne partage pas ce point de vue : il est moralement défendable et doit être pris en compte dans la pesée éthique des bienfait attendus : les personnes qu'on pourra soigner et sans doute des vies sauvées, etc. Cette question éthique délicate ne se posera peut-être bientôt plus.
La première étape, encore chez la souris, est confirmée - le scandale du coréen Hwang a rendu prudent - par 3 groupes et de nombreux groupes se sont mis à chercher si on peut faire de même chez Homo sapiens.

Depuis l'an passé Yamanaka utilise un un système avec 4 gènes (des facteurs de régulation en fait) introduits dans les cellules par des rétrovirus, et après toute ces années de recherche intenses on est surpris que 4 facteurs suffisent.

L'usage des rétrovirus est une des limitations de cette technique dans sa forme actuelle : on se souvient que les "bébés-bulle" (SCID) soignés à l'hôpital Necker par thérapie génique ont parfois développé un cancer induit par l'endroit où le gène s'insérait dans l'ADN. Ce risque parait plus élevé avec un facteur de transcription.

Reste que cette nouvelle est en fait une très grande étape comparable au Clonage de Dolly : ça mériterait de faire la une des journaux plutôt que les frasques de telle vedette people. 'scusez -moi patin bleu

References

Compléments ultérieurs
  • Quand les nerfs font repousser les pattes, La Recherche, janvier, 2008(intranet.jpg)