samedi 28 avril 2007

Tous donneurs universels ?

Les globules rouges ont a leur surface de nombreuses copies de sucres particuliers qui peuvent se lier à des anticorps : ce sont des antigènes. Les plus courants sont A, B. la présence d'aucun, de l'un, de l'autre ou des 2 détermine le groupe sanguin.

Les gens du groupe sanguin A ont des anticorps anti-B, ceux du groupe B des Anti-A, ceux du groupe O ont des anti-A et des Anti-B. Et ceux du groupe AB n'ont pas d'anti-A, ni Anti-B

En cas de transfusion la présence d'anticorps ET d'antigènes correspondant produit une agglutination qui est grave, parfois mortelle.
Depuis longtemps on a cherché à supprimer ces antigènes de surface, mais l'efficacité des enzymes d'autrefois n'était pas suffisante.
Henrik Clausen de l'Université de Copenhague, Danemark publient dans la revue nature Biotechnology qu'ils ont réussi à trouver parmi des milliers d'extraits bactériens et de champignons une glycosidase bactérienne capable de cliver efficacement ces sucres du sang A, B et AB .
Cela devrait permettre de produire du sang "donneur universel" a partir de toutes les sortes de sang.


Mais l'essentiel dans tout ça c'est qu'il faut donner son sang : allez simplement à l'hopital et demandez où c'est... Tous les détails ici
25 rue Micheli-du-Crest (5ème étage), 1211 Genève 14 Tél. contact rendez-vous:
Accueil des donneurs, tél. 022 372 39 01 Horaires de consultation:
N'hésitez pas à y emmener vos élèves dès 18 ans.

Il me semble que cela ne résout pas la question du groupe rhésus ni des autres groupes.
Et que cela reste une solution imparfaite : chez nous on ne donne pas -sauf en cas de catastrophe- du sang d'un autre groupe que celui du receveur... A cause des anticorps du donneur !

Pour aller plus loin


* 1ère question intéressante : comment le sang d'un prétendu donneur universel O , plein d'anticorps anti-A et anti-B peut-il être donné à un receveur B ou A ?

* 2ème question intéressante : Pourquoi une personne du groupe A a-t-il des anticorps Anti-B alors qu'il n'a jamais été en contact avec du sang B ou AB ?

* 3ème question intéressante : Pourquoi les anticorps anti-B d'une mère O n'attaquent pas un embryon B, alors que si elle est Rhésus - le deuxième enfant Rh+ risque d'être attaqué par les anticorps maternels ?

Pour approfondir l'immunologie une bonne piste gratuite et de haute qualité est l'excellent Janeway et al. Immuno-biology ouvrage complet on-line


Des éléments de réponse à ces questions :

* 1ère réponse possible : on transfuse très lentement, donc les anticorps du donneur sont très dilués : chacun d'eux fixe sans doute 2 globules ensemble, mais il y a peu de chances que ces 2 globules liés rencontrent encore un anticorps qui les lie à d'autres antigènes, et il ne se forme en principe pas de thrombus qui boucherait les vaisseaux. En principe. Donc on ne le fait pas sauf catastrophe.
Pour aller plus loin on peut noter que le thrombus se forme si les concentrations des Aget des Ac sont comparables, cf ici sur l'excellent Janeway et al. on-line : on y trouve ceci

* 2ème réponse possible : trouvée sur l'excellent Janeway et al. on-line : on y trouve ceci : Common gut bacteria bear antigens that are similar or identical to blood-group antigens, and these stimulate the formation of antibodies to these antigens in individuals who do not bear the corresponding antigen on their own red blood cells. Des bactéries communes de la flore intestinale portent des antigènes similaires aux antigènes de groupes sanguins ABO et déclenchent la formation d'anticorps cehz ceux qui n'ont pas cet antigène-là.

* 3ème réponse possible ; aussi trouvé dans le Janeway : In contrast to anti-Rh antibodies, maternal anti-ABO antibodies are of the IgM isotype and cannot cross the placenta, and so do not cause harm. Les Anti-A et anti-B sont des IgM beaucoup plus gros que les IgG produits contre le Rhésus et ne traversent pas le placenta.

Références

mardi 17 avril 2007

Un dinosaure séquencé ?

Science a publié deux articles sur des séquences d'animaux fossiles.

Il ne s'agit pas de séquences d'ADN, beaucoup plus fragile, mais de protéines : du collagène trouvé dans des os un crâne de mastodonte (Mammut americanum)(160k- to 600k années) et d'un fémur de Tyrannosaurus rex (68 mio années) , conservés dans des conditions particulièrement favorables.
Les séquences ont été obtenues par spectrométrie de masse.
Ces séquences ont été comparées aux autres séquences de collagène 1 dont on disposait : la plus ressemblante était celle du poulet.
(Mais on n'a pas la séquence du collagène de tous les organismes : par exemple on n'a pas pur comparer avec le crocodile ou l'alligator... )
Le collagène est la protéine la plus abondante de l'os. C'est une protéine très conservée : elle est similaire chez de très nombreux organismes (Par example, la séquence de (Homo sapiens) est 81% identique à celle d'une grenouille (Xenopus laevis), entre nous les bovins (Bos taurus) elle est de 97% !)


On est donc loin de Jurassic park mais gageons qu'on en entendra quand même parler dans les journaux...

Un très bon article de Prolune à l'UniGe fait le point sur la question (Fr) : Le Tyrannosaurus rex et le collagène

Sources

vendredi 13 avril 2007

Une précaution plutôt qu'un prépuce ?

L'ONU a recommandé officiellement la circoncision pour réduire le risque d'infection au HIV chez les hommes heterosexuels. Cette pratique devrait être prise en compte dans les politiques de lutte contre le SIDA en Afrique.

L'efficacité est maintenant clairement établie, elle approche de 60%. selon Kevin De Cock, directeur du department SIDA de l'OMS. Les données sont robustes et le coût comparable aux autres méthodes US$50-100 par person.

Il faudrait intégrer cette mesure aux mesures de prévention de la transmission du HIV telles que l'éducation sexuelle et les préservatifs, mais ne pas les remplacer.
La question de l'efficacité de la circoncision sur la transmission d'hommes HIV-positif à leurs partenaires féminins, et lors de sexe anal reste ouverte. En effet des données préliminaires d'Ouganda suggèrent que des hommes avec une circoncision incomplètement cicatrisée transmettraient plus le HIV à leurs partenaires femmes.

La question de l'acceptation par les hommes concernés de cette mesure reste cruciale, et dépend du contexte social et religieux. En Corée du Sud on a passé de presque zéro au milieu des années 80 à plus de 60% de circoncision 10 ans après, ce qui donne des espoirs.

C'est une bonne nouvelle car sur d'autres fronts il y a plutôt eu des déceptions : des essais cliniques de gelées vaginales et le 3ème échec en date (sulfate de cellulose) ont du être arrêtés à cause de résultats négatifs, et certains ont critiqué les priorités de ces essais : ils proposent d'essayer d'abord les plus prometteurs, pour limiter les risques que des essais infructueux érodent la confiance des populations et des gouvernement dans les organismes qui soutiennent ces programmes de recherche

Sur un autre front, celui des vaccins, la difficulté est que les protéines de l'extérieur du virus changent tout le temps, échappant ainsi au système immunitaire, Mas Zhou T., et al. ont découvert et réussi a produire des anticorps contre une zone particulière d'une protéine critique qui ne change pas, la protéine virale gp120. Elle permet la fixation du virus sur le récepteur CD4 des lymphocytes.

Si on arrive à faire produire des anticorps contre cet épitope, ce talon d'Achille de la gp120, l'espoir d'un vaccin renait. Mais il faut être prudent : depuis la molécule prometteuse au médicament il s'écoule généralement bien des années (cf tests cliniques ) et les déceptions nombreuses.

Sources :