lundi 11 janvier 2010

GFP : un prix Nobel qui est le fruit de recherches fondamentales ... par hobby !

La GFP : un hobby qui mène parfois au prix Nobel : la recherche fondamentale

http://www.conncoll.edu/ccacad/zimmer/GFP-ww/shimomura.html
Osamu Shimomura Source : Marc Zimmer

Un chercheur de Princeton, Osamu Shimomura (biographie), chargé d'identifier la protéine phosphorescente Aequorine de l'anneau lumineux chez la méduse Aequorea victoria que les courants rassemblent contre la côte est des USA, identifie – un peu par hobby – une autre protéine la Green Fluorescent Protein (GFP) (Shimomura &al. 1962) qui deviendra un outil de localisation des protéines extrêmement utile, et lui vaudra le prix Nobel de Chimie 2008 avec Martin Chalfie et Roger Y. Tsien. Ainsi une recherche mue par la curiosité, dont personne ne voyait l'utilité (c'est en quelque sorte la définition de la recherche fondamentale), a fondé une technique qui fournit des réponses nouvelles dans d'innombrables recherches.
Aequorea victoria
Fig 1 : [img]La méduse Aequorea (Source Nobelprize.org)

Phosphorescence ou fluorescence ?

En fait on confond souvent la phospho-ou fluorescence avec la chimiluminescence qui est la production de lumière à partir d'énergie (chimique sous forme d'ATP par exemple chez les vers luisants, lucioles, dinoflagellés, etc.)
La phosphoresence et la fluoresence sont presque les mêmes phénomemes : une sorte de conversion d'énergie lumineuse d'une couleur vers une autre moins énergétique. la grande différence est que la phosphorescence est durable alors que la fluorescence cesse lorsqu'on éteint la source. Dans le cas de la GFP, excitée par l'UV ou le bleu elle émet dans le vert cf. animation ici.
Aequorea victoria
Fig 2 :La méduse Aequorea produit de la lumière par la phosphorescence de l'Aequorine, bleue, qui est transformée par la fluorescence de la GFP en lumière verte.
[img] source : Marc Zimmer

Right: Photoreceptors on umbrella of Aequorea victoria bioluminescing. (Photo Osamu Shimomura)Quand au rôle de cet anneau, beaucoup supposent qu'il attire les proies vers les tentacules garnis de cnidoblastes de la méduse, mais les chercheurs sont - comme toujours – prudents : "Despite interesting speculations, it remains unclear why these coelenterates glow, why green emission should be ecologically so superior to the blue of the primary emitters, and why the animals synthesize a separate GFP rather than mutate the chemiluminescent protein to shift its wavelengths." (Tsien, Y. 1998)

La GFP : fluorescence sous contrôle génétique

Cette protéine a donc d'abord été une curiosité : personne n'en voyait l'utilité et n'aurait alors deviné en quoi cette recherche-là – parmi tant d'autres tout aussi excentriques – deviendrait si importante. Cependant elle est devenue un outil extrêmement important dans d'innombrables labos pour suivre la localisation cellulaire et l'expression des gènes.
En effet elle n'a pas besoin d'un système complexe d'enzymes pour produire de la lumière comme les protéines phosphorescentes (p. ex. le système Luciférine / luciferase des lucioles, vers luisants, etc) : un simple éclairage UV ou bleu la révèle. Elle est non-toxique.
Il suffit d'introduire ce gène (et des séquences régulatrices appropriées) dans un organisme pour produire la protéine et la fluorescence : toute la palette des outils du génie génétique peut être employée pour contrôler quand et où la GFP est produite et le résultat est aisément visible.

La GFP qui révèle l'expression d'un autre gène

En associant ce gène GFP à un gène qu'on veut étudier (cf fig. 5) , Martin Chalfie a montré qu'on peut révéler où , et quand, la protéine d'intérêt s'exprime dans la cellule.
tubuline fusionnée avec la GFP
Fig.4 Visualisation de la tubuline fusionnée à la GFP, dans une cellule de souris. La tubuline est une protéine participant à l’architecture cellulaire. La fluorescence verte montre des fibres de tubuline qui traversent la cellule de part en part. La zone sombre situe le noyau
[img]Source : Prolune

Using DNA-technology, scientists connect GFP to interesting, but otherwise invisible, proteins. GFP functions like a little lantern, which is activated by ultraviolet light. The green glow helps scientists  track these proteins in the body.
Fig 6 :Une construction génique avec le gène de la GFP entre le promoteur et la protéine d'intérêt permet de suivre l'expression du gène d'intérêt. [img] source Nobelprize.org

Un exemple : où agit la protéine HBx du virus de l'hépatite B dans nos cellules ?

Pour explorer l'action d'HBx, une des 4 protéines du virus de l'hépatiteB, le Prof Strubin de l'UniGe a associé cette HBx à la GFP et exploré la multiplication du virus lorsqu'on avait bloqué HBx dans un compartiment cellulaire : Il a trouvé que HBx agit quand elle est dans le noyau. (cf. fig 6).
Présence de la protéine HBx associée à la GFP : Fluorescence verte.
Fig 7 :La protéine HBx exprimée partout (gauche) ou exprimée dans le noyau seulement (milieu) ou le cytoplasme seulement (droite). La présence de la protéine HBx associée à la GFP se manifeste par une Fluorescence verte. [img] Source : M. Strubin

Ainsi la GFP a permis de vérifier la localisation cellulaire de la protéine HBx et de la corréler avec son activité. Là aussi nous verrons dans un futur Bio-Tremplins comment les tâtonnements de la recherche fondamentale mènent à des publications et font avancer la connaissance (et peut-être un jour prévenir les cancers du foie causés par le virus).

Une palette de couleurs GFP

GFP de différentes couleurs
Roger Y. Tsien, lui, a montré (Tsien RY(1998) que 3 acides aminés au coeur de la protéine (serine ou threonine, tyrosine et glycine, (visualiser en 3-d) produisent un chromophore (c'est là que se produit la fluorescence) et trouvé moyen de modifier la séquence pour produire des GFP de différentes couleurs (Méritant du coup bien moins son nom de Green Fluorescent Protein). On dispose d'un large éventail de protéines fluorescentes de différentes couleurs : cyan (CFP), jaune (YFP), rouge (RFP) (les XFP en général) Shaner &al. (2005)
Ainsi on peut contrôler avec tout l'arsenal du génie génétique la couleur produite en plus du moment et de l'endroit.

Une application récente : colorer les neurones

The cover of Nature, courtesy of the Lichtman and Sanes labs, shows a portion of the hippocampus within a ‘Brainbow’ mouse. The multicolored neurons of the dentate gyrus (bottom) lie beneath the cells of the arching CA1 region, while neurons of the cerebral cortex can be seen twinkling above. Une application récente particulièrement spectaculaire, appelée Brainbow en anglais (Livet &al.2007) permet de visualiser les neurones en couleur.
Ils ont utilisé "le système de recombinaison Cre/lox : on obtient l’excision ou l’inversion du segment d’ADN situé entre ces derniers" (Source) qui produit une sorte de tirage au sort des gènes - un peu comparable à ce que fait le système immunitaire pour produire l'énorme variété des anticorps lors de sa maturation.
Ainsi ce système combine 3 gènes et donc 3 fluorescences au hasard et colore chaque neurone d'une couleur différente (cf ici)
Dans le prolongement du travail de Santiago Ramón y Cajal (1852-1934) qui colorait les neurones en noir, cela permet de suivre individuellement les interconnexions de très nombreux neurones à la fois. Une animation très belle permet de voir une tranche de tissus nerveux avec les neurones colorés.

brainbowbrainbow
Fig 8 :Une image du cortex cérébral dans la matière dite grise (sic!) [img] (Confocal image by Tamily Weissman. Mouse by Jean Livet and Ryan Draft.)
source Marc Zimmer ici

Comprendre : une dimension esthétique accrue ?

Ces images valent mieux que certaines décoration de Noël .... Peut-être faudrait-il transformer la matière grise en matière arc-en-ciel pour le plaisir des yeux dans les classes ?
Dans le fond pourquoi a rigueur scientifique devrait-elle s'opposer à l'esthétique ?
Kant 1790 distingue l"agréable" lié aux besoins fondamentaux et le "beau" et lié à compréhension : ainsi l'expert est capable de ressentir plus de beauté que le néophyte et apprendre la science c'est accéder à plus de beauté.
Aussi la compréhension de ces images renforce encore leur puissance esthétique –déjà considérable – et pourrait peut-être contribuer à dissiper l'image austère des sciences ?

En français ?

Plus d'info sur la GFP

Sources

Update le 17 I 010 rectification de la phospho et fluorescence : merci Karim Kahtib

samedi 9 janvier 2010

café scientifique :" EST-IL VRAI...QUE LES MERES SONT INSUPPORTABLES ?"

Cette information peut intéresser certains d'entre vous.

je précise que je ne souscris pas à l'idée que les mères seraient insupportables

: )))



Café scientifique, le LUNDI 22 FEVRIER 2010 à 18h30
Musée d'histoire des sciences
(dans le Parc de la Perle du lac)
Trams 13 et 15, arrêt Butini / Bus 1, arrêt Sécheron, Parking adjacent.
ENTREE LIBRE


EST-IL VRAI...QUE LES MERES SONT INSUPPORTABLES ?

Pas facile de parler des différentes facettes du rôle des mères. Sorti du registre de l’amour maternel, bien réel mais un peu convenu, les langues peinent parfois à se délier. Quid des mères fusionnelles, dévorantes, de celles qui délaissent leur entourage dès la naissance de leur premier enfant, ou même de celles incapables d’aimer ?

Désigné par certains chercheurs comme un « bien de consommation affective », l’enfant des temps modernes est, à son insu, au cœur d’une évolution sans précédent du rôle des femmes et de la famille. Il ne sera donc pas seulement question des mères… insupportables.
Avec la participation de :
M. Gilbert BADAF, Docteur en psychologie, logopédiste et thérapeute de famille ASTHEFIS (l’Association Suisse de Thérapies de Familles et Interventions Systémiques)
Mme Muriel HERNOT, inspectrice scolaire à la retraite
M. Eric WIDMER , professeur au Département de sociologie de l’Université de Genève, spécialiste de la famille
Animation :
Mme Béatrice PELLEGRINI, Chargée de cours à l'Université de Genève, chargée de recherche au Muséum d'histoire naturelle de Genève.

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